1 bis – Paul Robert et le Mont Dahra
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Avant 1913 le village de PAUL ROBERT s’appelait TAOUGRIT, après 1962 il est devenu TAOUGRITE.
Culminant à 528 mètres d’altitude le village de PAUL ROBERT se situe à l’Ouest d’ORLEANSVILLE distant de 60 Km. Proche de la mer, le petit village est situé à 35km du GUELTA, commune d’El MARSA. La localité la plus proche, au Sud, est RABELAIS.
Relief, géologie, hydrographie
PAUL ROBERT se situe dans les collines du Haut Dahra sur un plateau rocheux qui se relie avec le mont de Zaccar ceinture montagneuse, qui sépare au nord, la région de Relizane de la mer méditerranée. La région est un développement de collines calcaires d’une hauteur moyenne de 600 mètres, profondément creusées par des ravines et percées par de nombreuses grottes. Les forêts y sont denses et de 1926 à 1932 une petite exploitation liée à la fabrication des pipes était opérationnelle. Le climat est de type méditerranéen. L’hiver est très froid, neige, pluie et brume souvent accompagné d’un vent violent. L’été est très frais et quand le printemps est trop pluvieux, les moissons sont retardées, de même les vendanges qui n’ont lieu qu’en octobre afin que les grappes bien mûres soient plus sucrées et donnent plus de degré au vin.
Le DAHRA
Le Dahra est une région montagneuse d’Algérie située au Nord du pays. Ses habitants sont d’origine berbère, plus particulièrement Zénètes, et descendent des BANOUIFREN et des MAGHRAOUAS. Elle est partiellement berbérophone. Dahra est un mot arabe signifiant «dos», en toponymie ce terme désigne un plateau étendu et de faible relief. En Afrique du Nord, une autre région située à l’Est du Maroc porte le même nom. Le Dahra est un massif montagneux étendu et varié faisant partie de l’Atlas Tellien Occidental. Il est couvert de forêts ou de cultures pauvres et abrite de nombreux cirques et ports de pêche. Il s’étend de l’Oued DJER à l’Est jusqu’à l’embouchure du Chélif à l’Ouest; de la Méditerranée au Nord jusqu’à l’Oued Chélif au Sud. Il culmine à 1 550 mètres au mont Zaccar situé au Nord de Miliana. Les principaux autres sommets sont les monts Bissa, El Gourine (736 m) et Arbal (1 095 m). Certains massifs calcaires sont truffés de grottes. Le secteur du littoral est appelé «Corniche du Dahra»: Occidental, entre Ténès et Mostaganem et Oriental entre Ténès et Cherchell. Ce massif constitue une région très accidentée, à cheval sur les régions de Tipasa, Orléansville, Aïn Defla, Mostaganem, Relizane et Blida (extrémité Orientale). La ville de Mostaganem est considérée en Algérie comme la capitale de la région.
Corniche du Dahra au Cap Ténès
Collines du Dahra
Région Miliana versant Sud
A la période romaine, les bois de thuya étaient exploités. Durant la période ottomane, Mazouna devient chef-lieu du beylik de l’Ouest jusqu’en 1701. C’est dans cette ville que fut fondée, la confrérie Senoussiya.
Pendant la conquête de l’Algérie par la France, en 1845, les habitants parlent un dialecte berbère appelé chenoui dans la partie orientale, entre Bou Ismaïl (40 kilomètres à l’Ouest d’Alger) et Ténès (200 kilomètres à l’Ouest d’Alger), il est, en étendue, la troisième région d’Algérie, après l’Aurès et la Kabylie et l’Arabe algérien à l’Ouest de Ténès, dans cette partie, les villes de Ténès et de Mostaganem ont conservé des parlers Arabes sédentaires mais la majorité des berbérophones sont aussi arabophones. L’arabe parlé dans cette région est particulier et constitue une transition entre les parlers du Centre et ceux de l’Ouest, avec beaucoup de mots berbères («pousser» = dmer, «champignon» = tareghla, «frelon» = arzouzi, etc…)
HISTOIRE
De nombreux vestiges romains sont présents aux alentours de Paul ROBERT (Kalaa, Sidi Bou Chaïb…). El KALAA comporte les restes d’une ville antique romaine datée du 4 ème siècle. Le 15ème siècle verra l’arrivée des Ouled kosseir, une tribu DJOUADS (noblesse militaire) dite d’origine korachite (des beni makhzoum) qui devient l’une des tribus les plus puissante et les plus riches de la vallée du Chélif au point qu’elle déclara une «résistance armée» en 1774 au bey d’Oran pour une histoire d’impôts. Elle occupera la plaine du Chlef tandis que les habitants de la Dahra et de l’Ouarsenis restèrent dans leurs montagnes et jouissaient d’une quasi indépendance vis-à-vis des Turcs, la zaouia de Medjadja fut fondé au 16e siècle par Sidi Yedder et ses descendants contribuèrent à l’enseignement de l’islam dans toute la région. Présence française 1830-1962 Alger capitula le 5 juillet 1830. Progressivement la colonisation s’installa en Algérie dès lors que la pacification était effective. En 1843 BUGEAUD installe un camp. Sur place le chef militaire se rend compte de la situation géostratégique du site et décide d’y créer une colonie de peuplement européen qu’il baptise ORLEANSVILLE en souvenir du nom de Ferdinand duc d’Orléans, fils du roi de France, tué dans un accident de voiture sur la route de Paris à Neuilly le 13 juillet 1842. Paul Robert s’appelait encore TAOUGRITE en 1910. Il y eut une attribution officielle des lots et ensuite l’installation des deux premières familles : COURTIN et HELDT le 14 décembre 1910. Le nom de PAUL ROBERT fut attribué officiellement au village par décret du 7 juillet 1913. Qui était-il ? Paul ROBERT était le maire d’ORLEANVILLE (1904-1910), tué à Alger lors d’un duel dont les circonstances sont explicitées.
Source : « Les Robert »
http://orleansville.free.fr/04%20histoire/histoire%20famille%20robert.html
Pour les Français, et les amoureux de la langue française plus particulièrement, le nom de ROBERT évoque toute une série de dictionnaires connus et appréciés, issus du premier Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française. Ce que l’on sait moins, c’est que ce monument de la lexicographie moderne est l’œuvre d’un français d’Algérie, né à ORLEANSVILLE, Paul ROBERT (lexicographe) Paul Charles Jules ROBERT est né le 19 octobre 1910 à Orléansville, et mort le 11 août 1980 à Mougins (AlpesMaritimes). C’est un lexicographe et éditeur français. Il est inhumé au Cimetière du Bois-de-Vaux à Lausanne.
Paul Charles Jules ROBERT
Afin de suivre la carrière politique de son oncle Paul Robert, maire d’Orléansville et président du conseil général d’Alger qui fut tué en duel, et de son père qui reprit les mandats électifs de son oncle, il entreprit des études de droit (il fut reçu avocat au barreau d’Alger) et soutint en 1945 une thèse d’économie politique intitulée «Les agrumes dans le monde». Lors de la rédaction de sa thèse, il est confronté au problème de la traduction de nombreux termes anglais et espagnols, courants en agronomie. Il ressent alors le besoin d’un nouveau dictionnaire qui, par analogie, permettrait de regrouper les mots selon les notions et les idées. Il se plonge dans la consultation de dictionnaires et se constitue un lexique, dans lequel il classe les mots par association d’idées, qui le conduit naturellement vers un projet de lexicographie. Il présente ce projet à des hommes politiques dont le Général de Gaulle, André Malraux et Georges Pompidou qui l’encouragent à poursuivre ses travaux.
Il entreprend donc la rédaction d’un Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, publié de 1953 à 1964 en 6 volumes et 1 supplément, mais que l’Académie française choisit de primer dès le 15 juin 1950 (Prix Saintour) sur présentation d’un premier fascicule. Il fonda à cette fin sa propre maison d’édition à Casablanca en 1951, et réunit autour de lui une équipe de collaborateurs, parmi lesquels Roger-Georges Morvan, Alain Rey, Josette Rey-Debove et Henri Cottez. Son dictionnaire fait désormais l’objet d’éditions de formats différents, toutes sous-titrées Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française: Grand Robert de la langue française (1964), en 6 volumes et 1 supplément (1971) Le Petit Robert 1 (1967), condensé du précédent.
Mais pour les Orléansvillois, Paul ROBERT c’était aussi le nom donné à la place principale de leur ville, et celui d’un village du haut Dahra, rebaptisé TAOUGRINE à l’indépendance, et dont les vignobles produisaient un vin réputé, lui aussi appelé Paul ROBERT. Quant au stade de La Ferme où les enfants allaient le dimanche encourager les footballeurs du Groupement Sportif Orléansvillois, baptisés sans modestie superflue les «Lions du Chélif», il portait le nom de Joseph ROBERT, en hommage au père de notre lexicographe. Les ROBERT sont arrivés en Algérie depuis 1849. L’ancêtre, Martial, originaire des Hautes Alpes, fait œuvre de pionnier Minotier, il construit un moulin actionné par les eaux du Chélif, le cours d’eau le plus long d’Algérie, et creuse dans les berges de la rivière des entrepôts de céréales. Plus tard après le décollage économique de son entreprise, il crée la banque ROBERT qui soutiendra l’activité des producteurs de céréales du DAHRA, au Nord de la vallée, au SERSOU, riche terre à blé située au pied du versant Sud de l’Ouarsenis. Ses deux fils continuent son œuvre, Joseph, l’oncle de l’auteur du dictionnaire devient maire d’ORLEANSVILLE, succédant à son frère Paul qui connut un destin tragique. Paul naît en 1867 au moulin. Son enfance est endeuillée par la mort précoce de sa mère, emportée par le paludisme qui sévissait dans toute la vallée. Elle était âgée de 40 ans seulement. Au lycée d’Alger, il pense préparer Saint Cyr, mais l’entreprise paternelle a pris de l’extension d’année en année, et le père réclame l’aide du fils ainé avec de plus de plus d’insistance. Le 7 avril 1894, il se marie avec Jeanne GOIN, la cinquième fille du sous préfet de la ville. La grande idée de Paul ROBERT en matière d’agriculture fut le métayage. Dans son rapport au Conseil Général d’Alger, le 31 mars 1898, il conseille de généraliser cette pratique et de transformer progressivement les journaliers indigènes en métayers intéressés afin de créer un intérêt commun entre Musulmans et Européens. Alors que le « Khamessat » (de l’arabe « KHAMMES » fermier intéressé au 5ème des bénéfices), pratique très courante en Algérie avant l’arrivée des Français, le métayage proposé par Paul ROBERT répartissait mieux les charges et les profits car il accordait aux fellahs le tiers ou la moitié de la récolte. Malheureusement, cette proposition intelligente d’intégration économique fit long feu. Très tôt attiré par la politique, Paul est élu en 1892 conseiller général et conseiller municipal d’ORLEANSVILLE. Il est tout juste âgé de 25 ans. Il se présente comme « Républicain » ce qui, dans le jargon de l’époque, s’oppose à « Réactionnaire » ou « Clérical » mais son esprit de tolérance l’éloigne des fanatiques de droite comme de gauche et lui vaut la confiance chaleureuse de ses concitoyens. Bientôt porté à la mairie, il fera régner une atmosphère d’union, mérite exceptionnel dans une Algérie déchirée autant que la Métropole par les passions politiques. En 1902, Paul ROBERT voit s’accroître ses responsabilités politiques. Il est élu délégué financier. L’Algérie vient, en effet, d’être dotée de la personnalité civile et d’une certaine autonomie financière. La nouvelle assemblée des « délégations financières » est appelée à discuter et à voter le budget proposé par le gouvernement général. La circonscription représentée par l’élu s’étend sur les départements d’ORLEANSVILLE et de MILIANA c’est-à-dire sur une superficie égale à deux départements métropolitains. Paul est désigné en 1906 à la vice présidence de l’assemblée. Aidé par son frère Joseph, il s’intéresse à de nouvelles cultures, notamment celle du coton qu’il introduit en 1904 avec succès dans la plaine du Chélif, créant des associations d’irrigation et une coopérative cotonnière au bénéfice des planteurs. La banque ROBERT, banque privée créée pour faire face aux conditions économiques de l’époque, système qui ne peut fonctionner sans à-coups que grâce aux facilités d’escompte, bénéficie de la confiance des grandes banques telles que la banque d’Algérie. Malgré les réticences de sa femme, Paul ROBERT se laisse convaincre par ses amis de poser sa candidature à la députation dans le 2ème circonscription d’Alger, au scrutin du 24 avril 1910. Son élection semble assurée malgré la présence d’un concurrent, André HOUBE, jeune avocat et conseiller général d’Alger. La campagne électorale se déroule correctement mais un article plus maladroit qu’injurieux, publié dans « Le Progrès des Communes », met en cause l’indépendance de monsieur HOUBE à l’égard de son comité de soutien et dont Paul ROBERT nie être l’instigateur, met le feu aux poudres. Le lendemain, le CRI d’Alger, dont HOUBE est le propriétaire et le directeur, publie un violent article intitulé : Robert Quart de Million, dans lequel il diffame gravement son adversaire en l’attaquant à sa probité de banquier et d’entrepreneur. L’affaire va se régler sur le près. Les témoins désignés de part et d’autre se montrent incapables de régler le conflit par la conciliation. Le duel a lieu dans les dunes d’HUSSEIN DEY, près d’Alger, le jeudi 7 avril 1910. L’arme choisie est le pistolet et les deux adversaires doivent échanger une balle à 25 pas, au commandement. A peine le directeur du combat a-t-il prononcé « Feu ! Un ! » que HOUBE abaisse son arme et tire. Paul, dont le bras est à demi-baissé au moment du tir, tombe, l’abdomen traversé. Il expire quelques instants après sans avoir prononcé une parole. Dans la chambre de l’hôtel Terminus d’Orléansville, où il avait passé sa dernière nuit, il avait écrit une longue lettre, dont le passage suivant fut rendu public à la 1 ère audience du procès HOUBE, le 25 novembre 1910. «Je n’ai de haine contre personne. J’ai choisi le pistolet en ma qualité d’offensé afin d’être bien sûr de ne pas blesser. Pour rien au monde, je ne voudrais commettre un crime.» En sa mémoire la ville lui éleva un monument qui orna la principale place, qui prit son nom. Un nouveau centre de colonisation venait d’être crée à TAOUGRIT, dans le DAHRA, entre RABELAIS et le GUELTA. Il fut décidé de lui donner le nom de PAUL ROBERT. Le village devint un important centre vinicole avec son voisin RABELAIS et les deux autres centres, moins renommés du massif, RENAULT et FROMENTIN.
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