Algeriede1959a1961 – 1/18 RA – Paul Robert – Orléansville

5 bis – Je dédie cette page au Commandant Picaud.

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                                    Commandant Picaud-. pour page Blog                         Insigne.

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Le Chef d’Escadron Picaud Raymond

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Commandant le 1/18° RA

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Régiment d’Artillerie Divisionnaire

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Basé à Paul Robert (SP 88164*)

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Algérie

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L’insigne du 1/18° RA.

Écu en forme de fer à cheval rempli d’argent à deux cœurs entrelacés silhouettés en rouge et sommés d’une couronne murale, le tout surmonté d’un écu d’argent à trois mouchetures d’hermine et au sigle du corps gravés en creux, timbré d’une couronne murale très stylisée, sur le fer à cheval.

Devise « PLUTÔT MOURIR » gravée en creux.

Le régiment, bien que traditionnellement languedocien et gascon a été reconstitué en Bretagne en 1939 avec un recrutement en partie vendéen d’où les deux cœurs entrelacés, symbole créée par Robert Louis pour la Vendée et évoquant « La double fidélité à son Dieu et à son Roi ». Toutefois, la croix qui devrait sommer la couronne a été omise, les cœurs entrelacés sont mal dessinés et ressemblent trop à la lettre « W ».

Fabriqué en 1939 par Drago (Ber).

Repris en 1958 pour le 1/18° RA servant en Algérie par le chef d’escadron Sabourault, chef de corps, homologué G.456 en mars 1958 (numéro en réserve).

*SP 88164 était le code postal du 18° RA à Paul Robert. Il figurait dans notre adresse postale.

 

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Cette présentation, nécessaire à mes yeux, étant faite, je crois essentiel de vous expliquer pourquoi j’ouvre cette nouvelle page que je dédie à mon Commandant.

« Le Commandant PICAUD »

D’abord, il fut celui avec qui je suis resté le plus longtemps en contact, c’est donc celui que j’ai le plus connu et c’est aussi celui que j’ai le mieux apprécié. Ne dit-on pas «Mieux se connaître, pour être mieux apprécié».

Il était d’un abord facile et ne sollicitait jamais les obligations militaires. Nous le saluions toujours par respect mais sans obligation de sa part. 

Mon ami Bernard LOGEAIS me racontait un jour cette anecdote qu’il avait souvent vécu alors qu’il était de permanence le matin tôt comme graphiste au PC : «Veux-tu que je te raconte ce que tous les graphistes vivaient au PC avant de finir leur garde de nuit. Et il commençait en souriant ; Le Matin, dès le levé du jour, le Commandant venait vers nous chercher l’heure exacte. (il est vrai que sur nos appareils, nous avions des cadrans qui indiquaient toujours l’heure avec une très grande précision). Il venait de sauter du lit, sa tenue ne laissait sur ce sujet, planait aucun doute. Il était tout simplement vêtu d’un slip, genre kangourou et d’un maillot de corps, appelé plus simplement « le Marcel »».

Cette petite histoire vécue, ô combien sympathique, nous avait tout simplement emmenée au fou rire, avouez que c’est bien compréhensible, mais il y avait de notre part aucune moquerie. Nous connaissions bien notre Commandant, il était d’une simplicité sans égal.

En connaissez-vous beaucoup des Commandants qui se déplacent (je devrais dire, qui sortent) aussi sommairement accoutré de leur poste de commandement…

C’est cette familiarité que nous aimions tous en lui. Il avait ce que les autres, même moins gradés, n’avaient pas.

Nous aimions le Commandant Picaud. Je dis « nous » parce que je sais que tous ceux avec qui j’ai eu l’occasion de parler de lui, m’ont donné des exemples de cette simplicité qu’il avait en lui et que tous savaient apprécier.

Je me souviens du règlement que nous apprenions lorsque nous faisions nos classes.

L’ancien règlement français d’avant 1914 disait : «L’officier et le soldat échangent le salut. Le soldat prévient seulement le geste de l’officier, il le prévient par pure courtoisie».

La signification du salut est donc profonde. Sa valeur, quand il est bien compris, est certaine. Dans presque toutes les armées du monde, nous voyons les règlements l’imposer catégoriquement.

Le règlement français : «Le salut est la plus fréquente des marques de respect; son entière correction doit-être exigée».

Allez donc dire ça au Commandant Picaud, il faisait fi de ce règlement.

Personnellement, je lui disais toujours : «Mes respects mon Commandant», le matin lors de notre première rencontre. Il me souriait et me tendait la main comme il l’aurait fait à un ami de longue date. Lui, savait ce que nous, les soldats appelés du contingent, endurions durant cette guerre, loin de nos familles.

Il est ici en compagnie des militaires travaillant aux transmissions, toujours à l’aise, toujours décontracté, s’alliant facilement avec le soldat sans grade.

Commandant Picaud apéro

Il est reconnaissable, le pied sur le tabouret. On aperçoit derrière lui, le Commandant Sabourault et à droite à deux pas, le Chef Renaud.

C’est grâce à mon emploi au poste de « Chiffreur-Régulateur » qui m’imposait de fréquentes  rencontres avec la haute autorité, que j’avais régulièrement des rapports avec tous les Commandants qui se sont succédés au PC de Paul Robert.

Je les ai côtoyés durant des mois et c’est dans des moments difficiles que j’ai pu faire la différence dans les comportements de chacun.

Jamais, je n’ai vu le Commandant Picaud en colère, jamais je ne l’ai entendu pester, rager, crier, jurer  après un militaire, gradé ou non gradé…

Oh pardon, la mémoire, encore elle, il faut bien que je lui fasse appel de temps en temps.

En effet, il me vient en mémoire, ce jour, que je n’ai pourtant pas oublié. Le Commandant avait demandé à l’Adjudant des transmissions que je parte le lendemain avec lui au convoi pour Orléanville. J’avais préparé mon poste radio, le SCR 300, et dès le matin, tôt, je prenais place à l’arrière de la Jeep. Au départ de Paul Robert, l’half-track était toujours en tête de convoi, nous roulions  juste derrière. Au côté du conducteur de la Jeep, je crois qu’il y avait un Lieutenant ou Sous-Lieutenant, je ne suis plus très sûr.

Lorsqu’il y avait un risque potentiel, le convoi s’arrêtait et le démineur était tout naturellement désigné pour rechercher les mines qui pouvaient être cachées sous terre par l’ennemi.

Le démineur fait un métier à hauts risques.  C’est un homme qui a été choisi pour son sang-froid et sa grande dextérité. C’est l’homme qui s’aventure là ou personne n’ose mettre les pieds.

Commandant Picaud Démineur en recherche

C’est l’homme qui prend en mains, retourne et manipule des engins inspirants à tous la crainte, la frayeur et la désolation, c’est aussi celui qui redonne l’espoir.

Commandant Démineur désamorce

Lorsqu’il signale l’absence de mines, le convoi avance insouciant et repart vers sa destination. Il en est de même lorsqu’une mine a été découverte, déterrée et désamorcée.

Ce  jour là, la chance ne nous avait pas vraiment sourit. Nous étions encore loin d’Orléansville lorsque  l’half-track s’arrête, le démineur à l’aide de son appareil spécial, (nous l’appelions la “poêle à frire”) cherche l’endroit où une mine suspecte pouvait être enterrée et après une dizaine de minutes, indique à son  chef  qu’il n’y a rien de soupçonnable. Le convoi redémarre, l’half-track toujours en tête, la Jeep toujours derrière.

Et « boum », c’est la voiture du Commandant qui saute sur la mine qui n’avait pas été détectée. La Jeep « vole » en éclat, le mot est exagéré. C’est la roue avant gauche qui a passé sur l’engin. Le conducteur à été éjecté du véhicule, le Lieutenant a repris le volant de justesse avant que la Jeep ne franchisse le ravin.

Le Commandant et moi avons fait un bon que je n’ose qualifier d’énorme mais tout de même important. Nous nous sommes tous deux retenus pour ne pas retomber l’un sur l’autre.

Le convoi bien évidemment s’est arrêté.

Ce jour là et pour la première fois j’ai vu et entendu le Commandant Picaud en colère. Je ne vous raconte pas ici, ce n’est pas l’objet, ce que le démineur a pu s’entendre dire.

La suite est noté sur les pages de ce blog.

Le premier souvenir que je garde du Commandant Picaud, ne sera pas celui-là.

Et c’est justement en rappelant toutes ces évocations, que  j’écrivais tout à fait au début de cette page  »D’abord, il fut celui avec qui je suis resté le plus longtemps en contact, c’est donc celui que j’ai le plus connu et c’est aussi celui que j’ai le mieux apprécié. » et c’est pour toutes ces raisons que lorsque j’ai commencé en 2009 à écrire ce blog, j’ai fait des recherches sur internet pour savoir ce qu’était advenu mon Commandant.

Recherches qui sont restées longtemps vaines. Jamais je n’ai eu une lueur d’espoir, jamais un signe me permettant d’avoir abouti, peut-être enfin à quelque chose. Au fil des jours, des semaines et des mois, que dis-je, des années écoulées, je perdais espoir….

Quand, le 4 février 2016, me parvint un commentaire sur mon blog. Il était signé, Madame De Gouvion Marie-Dominique.

Bonjour,

Je suis la fille du Commandant Raymond Picaud et je viens de découvrir votre blog par hasard. Je suis sur Paris et une de mes soeurs habite à Colombey les deux églises. Si cela vous est possible, pourriez-vous me contacter ou me laisser un numéro de téléphone. Bien à vous.

A défaut de retrouver « mon Commandant », je venais, bien involontairement, d’atteindre sa fille.

Je n’osais y croire, cette gentille dame devait faire erreur, je relie, mais non, je ne me trompais pas, ce petit message m’était bien adressé.

Sitôt lu, sitôt répondu et je crois qu’il en fut de même pour Madame De Gouvion qui m’adressait sa réponse quelques jours après.

Cher Monsieur,

Quel plaisir de vous lire. Je pensais que ce blog n’existait plus.

En fait, c’est tout-à-fait par hasard que j’ai tapé le nom de Paul Robert associé au nom « PICAUD » car j’étais persuadée qu’il n’y avait aucune trace de Papa sur internet, mon père étant décédé en 1962, quand j’avais 9 ans.

Je pense que c’est sûrement le moment pour tenter de comprendre et/ou de retrouver un petit bout de sa vie avec un éclairage différent.

Cela me touche beaucoup d’avoir encore ce lien inattendu avec le passé.

Je ne sais pas encore par où commencer car nous avons des tas de questions à vous poser, moi, ma sœur et ma nièce (sa petite fille) que je mets en copie de ce mail

Lorsque vous parlez d’un ancien de Paul Robert, je suppose que c’est de Guy Archambaux dont vous parlez.

S’il en est d’accord, j’aimerai avoir ses coordonnées.

Si vous me le permettez, j’aimerai vous appeler ce week-end. Dites-moi  s’il y a une heure qui vous conviendrait le mieux.

 Bien à vous

Marie-Dominique de Gouvion-Saint-Cyr.                         

Sa fille

Les bras m’en tombent tellement ma surprise est grande, l’émotion est forte. J’essais de cacher ma joie mais je comprends bien vite qu’il faut que je l’exprime, c’est si beau que je ne peux le garder que pour moi.

J’appelle mon ami Guy et lui raconte tout, du début à la fin, de cette belle histoire. Il est comme moi, il n’en revient pas mais ne dit-on pas que seules les montagnes ne se rencontrent pas.

Je reprends ma relation avec Madame De Gouvion, je lui laisse le numéro de téléphone de Guy, le mien avec une date à laquelle elle pourra me joindre.

Le jour tant attendu arrive, c’est un samedi, il est 11 heures, le téléphone sonne. Je me souviens les premiers mots que nous avons échangés : Monsieur Dumas – Oui, bonjour Madame De Gouvion, si j’avais eu votre papa au téléphone,  je lui aurais dit «Mes respects, mon Commandant», J’ai compris qu’elle souriait.

Le contact était établi. Madame De Gouvion donnait à toute sa famille des nouvelles de nos échanges.

Et un jour, alors que j’étais en course dans les rues de mon village, le téléphone sonne. Je décroche, c’est une voix de femme que je ne connais pas. La voix se renseigne :«Êtes-vous Monsieur Dumas», je réponds par l’affirmative et la voix inconnue de m’annoncer :«Je suis la petite fille du Commandant Picaud». Nous avons longuement discuté, elle m’a fait par de ses impressions à la lecture de mon blog et m’a promis un petit commentaire.

Et le 4 avril, (tout juste deux mois après sa tante) Alexandra me laissait un commentaire sur mon blog.

«Quelle joie de discuter avec Mr Dumas, en me racontant et en lisant son histoire c’est avec beaucoup d’émotion que l’on se plonge dans son séjour en Algérie.

C’est une partie de la vie de mon grand-père, le Commandant Picaud qui me touche énormément».

 Commandant Picaud Alexandra   Alexandra SAFIR

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Que reste-t-il de ces retrouvailles…

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Des histoires bien émouvantes.

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Mon ami Guy venait de lire mon blog et m’écrivait un petit message bien sympathique. C’était le 20 février 2016.

Merci D.D,

Ton blog consulté par Madame Marie-Dominique De Gouvion Saint Cyr , fille du Commandant PICAUD, nous a permis de prendre contact.

Une longue communication  téléphonique a fait resurgir de nombreux souvenirs : Son père, le Commandant PICAUD qui m’a laissé une impression vivace et admirative, les copains de là-bas, le village de Paul-Robert,  toute cette période passée loin de nos familles, de notre quotidien , perdus au milieu de cette guerre sournoise et pernicieuse.

Cette conversation était empreinte réciproquement de sympathie et d’émotion, avec l’espoir de nous rencontrer au mois de mai lors d’une cérémonie au Ravivage de la Flamme à l’Arc de Triomphe. Un beau symbole !

Madame de GOUVION SAINT CYR a eu la gentillesse de m’envoyer par internet quelques photos du Commandant PICAUD, que j’ai précieusement ajouté à mes autres souvenirs d’A.F.N.

Merci Madame de votre disponibilité et de votre sympathie, ce fût un moment inoubliable !

A bientôt !

Madame De Gouvion Marie-Dominique et sa soeur Marie-Noëlle se sont rendus à Paris le 24 mai 2016, le jour où Guy participait au ravivage de la Flamme à l’Arc de Triomphe.

Et Françoise, épouse de Guy, m’écrivait : «Donc cette année, Madame De Gouvion viendra rencontrer Guy à l’Arc de Triomphe : Un beau symbole, si on pense à son père, le Commandant Picaud. Merci pour avoir fait l’intermédiaire ; en y mettant chacun du sien, on s’aperçoit que le monde peut-être petit»! 

Commandant Picaud Guy Marie-Dominique et Marie-Noël

De gauche à droite : Marie-Noëlle – Guy – Marie-Dominique

Des échanges de photos et de documents…et…et…et des visites…

Eh oui, vous avez bien lu «Des visites» mais des visites pas ordinaires.

Madame De Gouvion Marie-Domique et sa soeur Marie-Noëlle m’ont fait l’honneur et l’agréable surprise de me rendre visite. Nous avons passé chez moi un excellent après midi.

Commandant Picaud filles

De gauche à droite : Marie-Dominique – André – Marie-Noëlle

L’émotion était à son comble. Nous nous sommes embrassés comme de vrais amis, comme si nous nous connaissions depuis très longtemps.

La joie réciproque était dans nos regards. Nous avons beaucoup parlé du Commandant Picaud, elles n’avaient d’yeux que pour moi. J’ai essayé de rechercher dans mes souvenirs tout ce que je savais de leur père. Je leur ai expliqué quels étaient nos rapports, mes va-et-vient entre  mon bureau et le sien pour lui transmettre les messages que je recevais ou bien pour prendre les messages qu’il me confiait pour transmettre à Ténès ou aux batteries dépendantes du 18° RA.

Mais comme tout a une fin, c’est bien connu, il y eu cette séparation difficile où toutes deux me serrèrent dans leur bras. C’est un moment inoubliable qui m’a beaucoup marqué.

Ah ! Si le Commandant Picaud savait…

J’espère que ce départ ne sera pas une fin dans notre histoire.

Nous continuons à nous écrire et à échangé comme nous l’avons toujours fait.

Je comprends maintenant pourquoi je n’ai jamais trouvé le moindre indice sur internet concernant le Commandant Picaud. Il était décédé peu de temps après son retour d’Algérie, un an après ma libération.

C’est grâce à ces retrouvailles avec ses enfants que 55 ans après sa disparition, nous pouvons encore parler de lui.

Avec l’autorisation de ses filles et de sa petite fille, je vous invite à lire les écrits du Commandant tels qu’ils sont rapportés sur ce document.

C’était probablement quelques jours avant son décès, je suppose qu’il nous a quitté à l’été 1962.

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Commandant Picaud écrit avant son décès

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Je vous laisse prendre connaissance des messages que viennent de m’adresser les deux filles du Commandant Picaud et sa petite fille, Alexandra.
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Madame De Gouvion Marie-Dominique le 13 octobre 2017 à 16 h 28.
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Oh là là ! Monsieur Dumas, je ne sais que vous dire pour vous remercier tellement l’émotion est forte.
C’est pour moi quelque chose, un instant très fort.
Merci, merci pour ces récits et photos qui sont si importants pour nous toutes.
J’ai transmis à Marie-Noëlle qui, je pense, vous écrira aussi.
Vous avez mon accord pour l’ajout sur votre blog
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Je vous embrasse très fort et pense bien à vous deux.
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.Madame Dumerval Marie-Noëlle le 13 octobre 2017 à 18h38.

Monsieur Dumas, je savais que les souvenirs sont sources d’émotions mais celles-ci sont toujours très intenses.

Merci pour ce cadeau qui nous apaise encore après toutes ces années.

Vous avoir connu est une bénédiction du ciel, un clin d’œil de notre père.
Je vous embrasse..
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Alexandra Safir le 19 octobre 2017 à 11h23
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Bonjour André,
 
Bravo pour cette page de blog consacrer à mon grand-père
Vous êtes fantastique, que d’émotions en découvrant cette tranche de vie
L’insigne « plutôt mourir » existe ou c’est une photo ?

Je vous appelle très bientôt

Je vous embrasse.
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Alexandra
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Guy Archambaux le 23/10/2017
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Bonjour Dédé,

C’est avec émotion que j’ai lu cet additif à ton blog. De nombreux souvenirs reviennent : Le commandant PICAUD était un grand Monsieur, et je suis très heureux d’avoir rencontré ses filles, moment exceptionnel qui je l’espère se renouvellera !
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Alors, que je pensais avoir terminé ce chapitre dédié au Commandant Picaud, mon ami Etienne me dévoile un scoop, une exclusivité devrais-je dire que je ne peux passer sous silence et c’est la raison pour laquelle je m’efforce de rendre plus lisible cette nouvelle inattendue.
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Etienne Ferracci, c’est le garçon gentil, le corse que l’on surnommait « papa ». Il a pris la deuxième place sur la couverture de mon livre. Il s’est lancé depuis quelques jours sur cette lecture et voilà que ce soir il m’appelle pour me faire des reproches. Non, il ne s’énerve pas le corse, ce n’est pas dans sa nature mais il dit les choses comme il les ressent. «Et pourquoi, me dit-il, tu ne racontes pas ce qu’il m’est arrivé à Orléansville». J’avais complètement oublié cette épisode qui, sans le Commandant Picaud, aurait pu se terminer de façon dramatique pour mon ami.
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Etienne tellement marqué par cette sortie se souvient même de la date comme si c’était hier. Il me raconte avec son accent, il faut noter que le dialecte corse se rapproche de l’italien. Un exemple que l’on peut tous remarquer dès les premiers échanges, le « j » est remplacé par le « y ». Ecoutez un Corse parler d’Ajaccio, il prononce Aiacciu. Cette présentation de l’accent étant ébauchée venons en aux faits desquels je m’éloigne. Il me dit «C’était le 18 décembre 1959. Le médecin de Paul Robert m’avait demandé d’aller à Orléansville en consultation dentaire. Je devais faire signer un registre pour justifier ce déplacement. Je venais juste de ressortir de chez le dentiste, lorsque sur le trottoir, un Adjudant Chef m’interpelle. «Eh vous là, on ne salue plus les gradés». Je m’excuse et lui explique que je n’avais pas fait attention à lui. Il me demande d’où je viens et il veut que je lui montre mes papiers. J’essais de me justifier lui disant que là-bas on a perdu l’habitude de saluer nos supérieurs mais que nous sommes malgré tout très respectueux du grade. Il ne comprend pas, et m’annonce qu’il va faire un rapport à mon chef d’Unité». Les choses, j’en étais sûr, allaient en rester là. C’était mal connaître l’Adjudant Chef. Quelques jours plus tard, je suis convoqué chez le Commandant Picaud qui m’informe de ce rapport qu’il vient de recevoir et me demande de m’expliquer. Je lui raconte en détail les faits tels qu’ils se sont déroulés et je vois le Commandant Picaud tirer sur sa pipe en souriant (un peu à la Maigret) comme s’il était en train de cogiter quelque chose. Effectivement, j’avais bien interprété sa mimique. Il me dit qu’il va régler ce problème avec le Chef de l’Unité de l’Adjudant Chef. Deux jours plus tard, le Commandant Picaud avait solutionné l’affaire me concernant. L’Adjudant Chef allait arriver à Paul Robert, je devais l’attendre à l’entrée du village, tout en bas, le Chef de convoi avait reçu des ordres. J’attendais, anxieux, ne sachant pas vraiment ce qui allait se passer mais j’avais commencé à comprendre, à lire entre les lignes lorsque le Commandant Picaud avait dit qu’il allait lui montrer comment nous vivions ici et qu’il allait lui apprendre ce qu’était le Djebel, lui qui à la ville devait faire parti des petits planqués. Je vois au loin le convoi qui revient d’Orléansville. La jeep du Chef s’arrête devant moi, l’Adjudant Chef descend, me regarde, je le salue respectueusement, les militaires envoient tout son barda (équipement du militaire) dans le fossé  et l’invite à rejoindre le PC par le petit chemin pentu. «Nous avons ordre de vous déposer ici, lui dit le Chef de convoi, le Commandant vous attend au Poste de Commandement. Ne traînez pas trop dans ces parages, c’est assez dangereux de part ce côté isolé du village. Vous (il s’adresse à moi) montez». Nous repartons en direction du village. La jeep dans laquelle je suis va attendre l’Adjudant Chef en haut du chemin. Un quart d’heure s’écoule, nous ne sommes pas surpris, le parcours est rude à vide, alors, avec le barda. L’Adjudant arrive enfin, tout suant, méconnaissable, l’homme de la ville fait ses classes à Paul Robert. Nous le conduisons chez le Commandant Picaud qui en le voyant, se délecte déjà devant le tableau qu’il aperçoit à la grille du PC. Il faut encore monter les marches du grand escalier pour rejoindre le bureau du Commandant. Avant d’introduire l’Adjudant Chef dans son bureau, le Commandant se tourne vers nous et demande que nous attendions «Restez là quelques minutes, ça ne sera pas long» Effectivement ça n’a pas durer plus de 10 minutes. Ils sont ressortis tous les deux et le Commandant nous a demandé de conduire son hôte à la 4ème batterie, la plus éloignée, la plus dangereuse. «L’Adjudant Chef a éprouvé le besoin et l’envie de connaître notre djebel, comment aurais-je pu lui refuser cette faveur, préparez un nouveau convoi avec des renforts et conduisez-le à Sidi Moussa».
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Voilà une histoire qui se termine bien… Si tous les Commandants pouvaient s’appeler « Picaud ».
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Éloge au Commandant Picaud

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C’était un homme généreux, humain avant d’être Commandant,

Clément et bienveillant, ses soldats étaient ses enfants.

Admirable portrait d’un homme droit à la cause première

Qui brille en ce djebel dans sa haute carrière.

Unis à la nuit sans limites, vos petits gars, d’instinct

Vous suivaient partout les visages vidés de tout destin.

Tous, gardent de vous cette étincelle

D’une race humble en dignité universelle.

Sous votre commandement ces appelés si frêles

Se voyaient devenir hommes d’un feu naturel.

Votre humanité était sans frontières,

Vous étiez, « Papa Picaud », ne prenant jamais de grands airs,

Alors que vous auriez pu aisément montrer vos distinctions

Sans solennités, vous faisiez dans nos dortoirs une simple inspection.

Votre  nom en nous restera, perçant l’ombre noire,

Vous  régnerez à jamais dans nos cœurs en mémoire.

Quand même un monde religieux

Ne pourrait offrir à notre regard homme plus glorieux,

Attristés du mal qui vous fut fatal

A l’annonce de ce départ si cruel et brutal.

Aux vertus d’un Chef aimé de ses hommes et des dieux ,

Compréhensif, héroïque  vous auriez mérité don plus miséricordieux.

Afin de profiter de votre lignée

Et d’une retraite heureuse et dorée.

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                       L’appelé du contingent

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Avec l’accord de Monsieur Pierre Combe, j’ajoute avec plaisir les messages qu’il a laissés sur mon blog.

Merci Monsieur.

Pierre Combe est le fils du Commandant Combe qui était en poste à Paul Robert et qui avait le commandement du 1/18° RA depuis le 1er novembre 1958 jusqu’à son départ le 30 septembre 1959.

Etant arrivé à Paul Robert au début du mois de septembre 1959, je n’ai côtoyé le Commandant Combe que quelques jours alors que j’étais encore radiophoniste.

C’est donc le Commandant Picaud qui l’a remplacé au Poste de Commandement.

Je vous laisse prendre connaissance des deux messages de Monsieur Pierre Combe  

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Le 8 novembre 2017 à 15h24

Bonjour,

J’ai découvert votre blog en cherchant des informations sur le quartier Paul Robert. Il se trouve que mon père a commandé le 1/18 RA du 1/11/1958 jusqu’au 30/09/1959. Je me souviens qu’il m’avait rapporté son souhait de voir le commandant PICAUD le remplacer; ils avaient été camarade de promotion officier avant guerre. C’est donc avec émotion que j’ai vu les photos du commandant que je n’ai pas connu; il décédé peu de temps après mais j’ai très bien connu son épouse et ses enfants. Le monde est vraiment très petit.

Cordialement

Pierre COMBE

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8 novembre 2017 à 16h57

Bonjour Monsieur DUMAS

Je viens de découvrir la page consacrée au commandant PICAUD.
C’est assez émouvant pour moi puisque j’ai connu la famille du commandant et je retrouve sur ce blog ses filles qui sont venus me garder le soir avec ma soeur lorsque mes parents étaient de sortie. Je suis né en 1958. Pouvez vous leur transmettre mes amitiés.

Cordialement

Pierre COMBE

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Le jour même je prenais contact avec les filles du Commandant Picaud et bien évidemment avec Pierre Combe qui était à l’origine de ces échanges.

Des échanges, il y en a eu de nombreux et Pierre a eu la gentillesse de dépouiller son album pour me transmettre des photos de son papa que j’avais peu connu.

Avec son autorisation, j’appose ici quelques photos du Commandant Combe à Paul Robert.

Cdt Combe remise de décoration

 

De dos, le Général Gracieux, à gauche, le Commandant Combe. A ses côtés, le Lieutenant Grousset, le S/L Gigon, le S/L Perret.

Après l’accrochage qui avait eu lieu pendant l’opération « Boléro » montée par le Commandant Combe le 27 Janvier 1959 dans la forêt de l’Oued Ras quartier de Paul-Robert, le Général Gracieux décore de la Valeur Militaire les soldats qui se sont distingués plus particulièrement au cours de ce combat qui a fait de nombreux blessés, et coûté la vie à trois militaires appelés dont un Officier. Il était S/ Lieutenant. Je précise pour être complet que pour mener à bien cette opération d’envergure, la 1ère batterie avec ses canons (Rabelais), la 2ème (El-Marsa), la 3ème ( Fourmeaux ), la 4ème ( Bordj- Baal), toutes trois avec leurs artilleurs-fantassins bien entraînés et connaissant bien le terrain, avaient été sollicitées avec la collaboration du 22ème RI.

 

Commandant Combe février 1959.

A gauche, on reconnait le Commandant Combe et le Général Gracieux qui décore le Lieutenant Grousset.

Copie de Perret (125)

Au premier plan, le Lieutenant Grousset, le S/L Gigon et le Général Gracieux remettant la médaille au S/L Perret. 

 

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.Aujourd’hui 2 mai 2019 est un grand jour pour moi puisque je reçois Alexandra la petite fille de mon Commandant.

Imaginez ma joie !

Faute d’avoir retrouver le Commandant Picaud, j’avais  déjà reçu au mois de février 2016,

Marie-Dominique et Marie-Noëlle, deux filles du Commandant.

J’avais eu avec Alexandra plusieurs contacts écrits et téléphoniques.

La promesse de sa visite m’avait été faite et la promesse a été tenue, c’était donc le 2 mai jour de son arrivée à Nîmes.

Nous attendions sur le quai de la gare, devant la porte même de la voiture dans laquelle elle voyageait.

Quelle ne fut pas notre émotion, différente par le contenu de cette rencontre mais d’instinct nous nous sommes retrouvés enlacés comme deux êtres qui se connaissaient depuis bien longtemps et qui se retrouvaient après une longue absence. J’évoquais la différence de nos émotions, Alexandra par le souvenir de son grand-père et moi par le souvenir de ce Commandant que j’avais tant apprécié durant la guerre d’Algérie.

Le récit de lui que je fais sur cette page est mon témoignage, c’est évident mais pas seulement.

Le Commandant Picaud était apprécié de la même façon par tous ses soldats.

Oserais-je dire, en plaisantant bien sûr, que bras dessus, bras dessous, nous avons rejoint le parking, les larmes n’étant plus très loin de couler.

Mais comment faire face à cette sensibilité qui nous liait à ce moment précis et à laquelle nous n’avions même pas imaginé que cet instant puisse un jour se réaliser.

Alexandra a passé 3 jours avec nous.

Dire que notre séparation en gare d’Avignon fut difficile est un moindre mot, douloureuse et pénible sont les adjectifs qui conviennent mieux à ce départ.

Nous nous sommes éloignés dans un mélange de « j’y vais, j’y vais pas ». Peut-être la peur de rendre encore plus éprouvant cet éloignement programmé auquel nous nous refusions de croire. Puis, alors que tout paraissait s’arrêter là, Alexandra s’est retournée, nous a aperçu. Nous étions là immobiles attendant ce dernier regard suivi de deux bras qui se balancent en signe d’adieu.

C’était le 4 mai 2019, Alexandra, nous ne t’oublierons pas.

 

 

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Merci de votre visite

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Que vous ayez connu ou non Le Commandant Picaud et le Commandant Combe,

vos commentaires seront toujours les bienvenus sur cette page

on ne peut plus émouvante.

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