Algeriede1959a1961 – 1/18 RA – Paul Robert – Orléansville

3 – Le passage conseil – Mes trois jours à Tarascon – Mes classes à Montpellier Hérault

 

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Mon aventure, celle du soldat appelé du contingent,

a réellement commencé le 05 mai 1959,

à Montpellier dans le département de l’Hérault.

Je me justifie au cas peu probable où vous auriez un doute  C Mai 1959

Pour l’occasion, la Caserne Lepic avait ce jour là, ouvert grand ses portes pour m’accueillir. 

Quel honneur, dites donc.

 C Caserne Lepic

Photo d’archives, il s’agit bien de la Caserne Lepic mais ce n’est pas celle que j’ai connu en 1959. 

J’étais affecté au 9 ème RA,  

Insigne du 9ème RA   C Insigne 9 RA

La Classe des Artilleurs à pied.

C Caserne Lepic la classe 1959 Le groupe des soldats appelés à Lepic devant le couloir qui conduisait aux chambres et aux sanitaires. Je crois reconnaître Jean Signoret 3ème en partant de la gauche, le 6ème avec les lunettes s’appelle Zimmerman, à ses côtés, Quintenas. Accroupis, le 2ème en partant de la gauche s’appelle Truc, le 3ème Bonnet Raymond, le 4ème Corti de Corse et moi. Il manque sur cette photo notre ami Ferracci. Que tous ceux qui se reconnaîtront veuillent bien me contacter  

Dans cette même Caserne, se trouvait aussi le Régiment du 22 ème R.I. Je vous informe pour la petite histoire que la rue qui borde aujourd’hui cette caserne, s’appelle « Rue du 56 ème Régiment d’Artillerie » et qu’elle est occupée (la caserne) par le Musée de l’Infanterie.

J’étais préparé depuis bien longtemps à ce départ, et pour cause…….., un an auparavant, au mois de mars 1958,

j’avais eu droit au “Passage conseil”, j’étais ce que l’on appelait

“Un conscrit”. C Mars 1958 passage conseil  Ici sur le boulevard Amiral Courbet à Nîmes.  Au cas où vous l’ignoreriez : Un conscrit est un jeune homme (ou une jeune femme dans certains pays) appelé sous les drapeaux pour effectuer son service militaire.

Puis, j’ai participé aux opérations de Sélection au Centre de Tarascon dans les Bouches du Rhône. 

C Tarascon   à la cantine pendant les 3 jours passés à Tarascon..

  C Tarascon 1   Ici dans mon lit au premier étage.  

Je me souviens même de la date exacte, c’était à la veille de l’arrivée du Père Noël, entre le 15 et le 19 décembre 1958. Même que le Père Noël, l’homme qui me faisait face avec ses nombreux galons, avait pour moi dans sa hotte, une belle surprise.

«André Dumas, m’a-t-il dit de sa voix hautaine, fière, dédaigneuse, je viens de recevoir votre rapport de stage. Vous avez obtenu plus de 17 de moyenne. J’ai donc décidé de vous inscrire au peloton des EOR». J’étais médusé, déconcerté, pétrifié, planté là sur mes deux pieds ne sachant que dire. Ce type d’une stature imposante, 1.95 m et je n’exagère pas, me faisait peur. Voyant que je ne répondais pas, il ajoute «Avez-vous entendu parlé des EOR ?». Un non timide sorti de mes lèvres sèches. Les EOR, c’est quoi ça ? «Ce sont les Écoles des Officiers de Réserve». Court silence puis… «Alors», me lança-t-il, il devait s’impatienter, pas très habitué qu’il était à attendre une réponse rapide, «vous êtes content j’espère».                  

Je ne savais que répondre, je ne comprenais même pas de quoi il parlait, de quoi il s’agissait. Ce monde militaire était si loin dans mes pensées… Cette situation ne me réjouissait nullement mais il fallait bien que je lui dise quelque chose, mais quoi… A cet instant, j’ai pensé à mon père, un antimilitariste invétéré. Je ne pouvais pas lui faire ça, pour lui, je devais refuser.

J’ai pensé que j’allais faire une bêtise, je ne connaissais pas les grades, mais je devais me jeter à l’eau, alors… Je me suis mis à balbutier «Mon Commandant, je vous remercie mais je ne peux accepter sans en avoir auparavant parlé à mon père». Ainsi je pensais me protéger d’éventuels reproches. C’était mal connaître cet homme qui visiblement venait de mal prendre la chose.

Après quelques secondes de réflexion, la tête penchée sur mon dossier, il baragouina d’un air très contrarié «Je note, vous pouvez disposer» C’était évident, il en avait assez.

J’ai entendu un «Rompez» sec et bruyant.

Je suis sorti aussi vite que je le pouvais et je ne l’ai jamais revu.

Ouf !!!

Dès la fin du mois d’avril 1959, je reçois ma convocation. Je l’attendais, c’est vrai, mais j’espérais qu’elle n’arriverait jamais. Autour de moi, c’est le drame. Le petit va partir à la guerre. Ma mère ne peut contenir ses larmes, ma grand-mère (la mamé Léa) est inconsolable, mon père ne dit rien, il est déçu, il avait des contacts avec une personne « bien placée » qui devait me faire réformer mais ça n’a pas marché. Ma sœur aînée est mariée depuis quelques mois, elle n’habite plus chez nous. Elle apprendra plus tard la nouvelle. Son mari a été réformé, elle espérait qu’il en serait de même pour son petit frère. Malheureusement, le sort en a voulu autrement. Ma sœur cadette, la péquélette, saura à son retour de l’école. Je dois bien l’avouer, je n’ai aucune souvenance de ce que fut sa réaction. Peut-être étais-je absent au moment où ma maman le lui a appris.

Il faut préparer la valise, le 5 mai n’est plus très loin. Je vais aller chez le coiffeur pour ne pas leur laisser le soin de me faire la coupe au bol.

Dans la rue, seulement à quelques mètres de chez moi, habite ma fiancée et sa maman. Deux numéros nous séparent. Je suis au 44, elle est au 50. Elles vivent seules depuis la mort accidentelle du papa au travail. Il était employé comme mon père à la S.N.C.F. Le malheur a frappé à leur porte il n’y a pas très longtemps, elles sont encore dans leur grand  deuil.

Ma fiancée surveille tous les jours le passage du facteur et attend sur le pas de la porte que je lui donne des nouvelles. Ce jour là, je n’ose pas sortir comme je le fais habituellement. Je ne veux pas affronter son regard, sa tristesse, ses larmes.

Elle a compris tout cela, c’est elle qui vient vers moi. Nous nous enlaçons sans mot dire. Il y a comme cela des silences qui sont très évocateurs. D’ailleurs, ne dit-on pas que les silences s’écoutent. Elle est très courageuse, elle m’aide même à refaire surface, affaibli que je suis par l’annonce de ce départ. Je crains que cette séparation ne soit extrêmement difficile à supporter.

Partir à Montpellier, alors que je résidais à Nîmes dans le département du Gard, pourrait se révéler comme étant une chance qui m’était offerte au moment où bon nombre d’appelés partaient directement en Algérie.

Cependant, le départ est toujours synonyme d’éloignement et nous savions tous que Montpellier n’était qu’une étape.

D’ailleurs, ce fameux 5 mai, jour de mon affectation au 9 ème RA, Avenue Lepic à Montpellier, j’ai appris deux choses dès mes premiers pas dans la caserne. Il faut dire qu’à l’armée personne ne met des gants pour donner des informations.

Avec un air rayonnant de joie et d’ironie, un adjudant chef nous accueille à l’entrée de la caserne et nous conduit dans un petit local attenant à la rue. Nous étions une dizaine. Le silence était de mise, aucun d’entre nous n’osait poser la moindre question. Notre interlocuteur jouait délicieusement avec nos nerfs sensibles tel un animal qui cherche à égorger sa proie. Son œil faisait le tour de cette petite salle et étudiait les réactions de chacun. Finalement, il nous jette au visage deux révélations. Nous apprenons, tenez-vous bien, que nous avons une sacrée chance. Nous venons d’arriver, c’est le 5 mai, notre Adjudant chef se plaît à nous le rappeler, et nous indique que nous serons malgré tout affectés à compter du 1er mai. Çà, c’est vraiment un cadeau, ça commence vraiment bien. La deuxième surprise est d’un autre genre et je comprends tout de suite pourquoi nous avons eu la précédente en premier, sans doute pour mieux faire passer la pilule. Et voilà que notre Adjudant chef, fait le tour de la salle et donne à chacun d’entre nous, sur présentation de notre pièce d’identité, un papier de la taille d’une petite boite d’allumettes.

Sur cette belle petite ramure, (ramure, le mot ici est fait pour enjoliver la chose), une simple inscription qui ne pouvait laisser planer un quelconque doute. <<André Dumas 59 – 1/B – 9ème R.A. – Destination AFN>>.

J’ai conservé l’original.

André

Merci mon Adjudant, il faut rester poli en toutes circonstances.

Le gentil Adjudant chef nous pria ensuite de le suivre. Il nous dirigea vers un petit bâtiment au fond d’une allée pour nous conduire chez le fourrier. Je n’avais encore jamais fait de rapprochement entre le 5 mai et le Carnaval du Mardi Gras mais il fallait bien se rendre à l’évidence, le responsable de ce magnifique magasin était bien en train de nous déguiser en soldat. Nos vêtements civils sont repartis sous d’autres cieux, pour moi, via Nîmes, qu’ils venaient de quitter quelques heures auparavant. (Ils y reviendront dès la première permission) Derrière le juteux, la file de travestis traverse la longue cour et arrive enfin aux portes de notre nouvelle grande chambre. Il nous présenta notre brigadier chef.

Le Brigadier chef à Montpellier

Le voilà en pleine action de surveillance. Si tu te reconnais, fais-moi vite un petit signe.

 Il devait-être notre responsable tout au long de nos quatre mois de classe.

C Caserne 11  Il faut dire que les garnements dont il avait la responsabilité, avaient besoin d’un œil vigilant sur eux. Que tous ceux qui se reconnaîtront veuillent bien me contacter.

Peu de temps après, j’apprenais que je venais d’être nommé aux transmissions avec mon ami Jean Signoret. 

J’ai appris tant bien que mal à manipuler un poste radio et je suis devenu radio-phoniste et faut-il le préciser, 

Animation2 - Copie (2) Ici en plein travail de réglage…

j’ai brillé par mon absence. Ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux…. Si vous voyez de quoi je veux parler.

Et, il est important de l’expliquer, les radiophonistes et les graphistes, participent comme tous les soldats du régiment, à toutes les manœuvres, les maniements d’armes, le parcours du combattant, la marche à la boussole à Saint Paul et Valmalle aux portes de Montpellier ainsi que les marches forcées de nuit avec le « barda » sur le dos.

Manoeuvres à St Paul et Valmale

C Marche forcée Montpellier 2

C Marche forcée Montpellier

Ces trois photos sont des souvenirs de St Paul et Valmalle Hérault, marche de nuit à la boussole. Si vous vous reconnaissez….vite un petit signe.

Les appelés des transmissions sont comme les autres soldats, préparés, entraînés pour participer à un éventuel défilé, en rang par quatre, svp. Ils font aussi, toutes les corvées, la vaisselle, les chambres, les couloirs, les sanitaires, les chiottes et la corvée de patates, la sale besogne des cuisines, c’est en fait ce que les militaires en fonction à ce poste, ne veulent pas faire. Les bleus que nous sommes doivent se plier aux exigences incohérentes de tous ces crétins.

Ah ! J’allais oublier… les séances de vaccinations que j’adorais alors que certains de mes amis les détestaient. C’était ce que tous appelaient le T.A.B.D.T. le vaccin contre la fièvre typhoïde, les fièvres paratyphoïdes A et B, la diphtérie et le tétanos.

Ce jour là, on nous laissait en paix. Nous devions rester dans les chambres, c’était une journée de repos.

Comme j’étais en pleine forme après ce spectacle de corrida dans les arènes de l’infirmerie, je faisais le mur et j’allais passer la journée à Nîmes pour revenir dans la nuit et être là au petit jour.

De Montpellier, je garde quelques souvenirs qui se confondent entre le bon et le mauvais. Commençons par les bons, les trois premiers.

C’était au tout début de mes classes, le dimanche nous n’avions pas encore obtenu l’autorisation de sortir et nous allions en tenue de treillis, comme des désœuvrés, dans les allées de la caserne jusqu’à la porte de sortie pour voir la vie civile à travers les grilles de notre prison. Certains d’entre-nous avaient la joie de retrouver leur famille. Alors, pourquoi pas moi. Sans trop d’espoir, je m’étais tout de même installé confortablement sur un petit muret. Tout à coup, j’entends comme un petit cri d’enfant et j’aperçois ma petite nièce, ma Michou, qui vient vers moi en criant « Tonton Dé ». Ce petit bout de choux pas plus haute que trois pommes, m’avait vu et reconnu avant ma sœur et mon beau-frère. Quel bonheur pour moi que de pouvoir la serrer dans mes bras en ce moment de solitude.

Quelques semaines plus tard, j’obtenais ma première permission, toute petite permission, je crois que l’on parlait de « Quartier libre ». Avec un ami nous sommes allés au centre de la ville de Montpellier, place de la Comédie.

Ici sur la place de la Comédie (il y a plus de cinquante ans) en compagnie d’un ami dont je ne me souviens plus le nom. Si tu te reconnais…. 

C Montpellier 

C Montpellier place de la comédie 11

C Montpellier place de la comédie 12 

Deux photos de la place de la Comédie telle qu’on peut la voir aujourd’hui.

Puis, il y eu la fameuse et inoubliable journée portes ouvertes. Pour la circonstance, ma maman m’avait rendu visite avec ma fiancée.

C Avec ma maman 1    Avec ma maman dans la cour de la caserne

Cela fait bien évidemment parti des moments mémorables, immortels ou tout simplement des meilleurs souvenirs que j’ai ramenés de mon court passage à Lepic.

Mais le troisième souvenir que j’ai encore en mémoire, n’a pas été le plus agréable à vivre. Quand après avoir fait le mur je me suis retrouvé la « boule à zéro » aux motifs : absent à l’appel, absent au contre appel. La honte, c’était la honte….Je ne me supportais pas tête nue, je portais mon calot à l’intérieur comme à l’extérieur. J’ai eu la haine pour les responsables de cet acte gratuit. Savez-vous (non, ne riez pas) que ce jour-là, j’ai pleuré comme un enfant pendant tout le temps où la tondeuse a passé sur mon crâne. Voilà une journée que je garde en moi comme étant un vrai mauvais souvenir.

C Avec ma maman 3

C Avec ma mamé Juillet 1959, avec la mamé Léa, j’avais quitté mon calot pour la photo.

Mamé Léa y tenait beaucoup et je ne m’y suis pas opposé, mes cheveux recommençaient à pousser.

Et dois-je ajouter pour être complet, que cette sanction n’étant pas assez forte, je me suis payé quatre jours de tôle. J’avais la hargne, la rage, j’aurais voulu avoir sous la main les mecs qui ont noté mon absence à deux reprises. Je doute qu’ils aient pu penser que quelques jours plus tard je partais pour faire la guerre là-bas où ils n’allaient pas.

En rentrant début mai nous nous sommes payés la préparation et le défilé du 14 juillet. Croyez-moi, pour les bleus que nous étions, ça n’a pas été de tout repos.

Trois mois et demi plus tard, à la fin des classes, j’apprenais que je venais d’obtenir le Certificat d’Aptitude aux Transmissions avec une moyenne de 13.65 ce qui me donnait  le classement de 5 ème. Quelle prestation dites donc ! Et, tenez-vous bien, au même moment je recevais l’information suivante : André Dumas, vous êtes un militaire qui entre aujourd’hui dans la composition du plan. C’est trop d’honneur que vous me faites. Je ne sais comment vous remercier. Allez, voilà que j’ironise.

Tous mes amis sont partis quelques jours en « permission » avant le Grand départ pour l’Algérie. 

Et moi, parce que j’avais fait de la tôle, je suis resté au trou. Le Capitaine m’a supprimé ce grand plaisir que j’aurais eu à retrouver ma famille et ma fiancée. C’est horrible.

Seul (de ma classe) dans cette caserne où je n’étais reconnu de personne, je devais tous les jours pointer le matin à 08h00 et le soir à 19h00. Je faisais ensuite le mur pour aller en stop vers Nîmes où je passais la nuit avant de rentrer pour être présent à huit heures. Ensuite, je dormais, j’allais manger, je dormais, j’allais pointer pour repartir. Et la roue a ainsi tourné jusqu’au retour de mes amis permissionnaires.

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Merci de votre visite

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Vous pouvez maintenant passer à la quatrième page

pour lire mon départ vers l’Algérie.

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